vendredi, 19 décembre 2025 Faire un don
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Les évêques du Burkina Faso dénoncent le silence mondial face à l'insécurité qui oblige à avancer les messes de Noël

Les célébrations de Noël dans certaines régions du Burkina Faso confrontées à l’extrémisme religieux pourraient être organisées plus tôt que d’habitude en raison des préoccupations sécuritaires, ont indiqué certains responsables de l’Église catholique dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.

Dans un rapport de l’œuvre pontificale et fondation caritative catholique Aide à l’Église en Détresse (AED), Mgr Théophile Naré, évêque du diocèse catholique de Kaya, et Mgr Justin Kientega, évêque du diocèse catholique d’Ouahigouya, dénoncent le silence de la communauté internationale et la faible couverture médiatique face au terrorisme qui touche les zones desservies par leurs diocèses.

Mgr Naré indique que, pour la dixième année consécutive, les messes de Noël au Burkina Faso auront lieu avant la tombée de la nuit en raison de l’insécurité.

« Les célébrations commenceront plus tôt afin d’éviter les déplacements nocturnes », explique l’évêque de Kaya, qui est également administrateur apostolique du diocèse d’Ouahigouya.

Il en sera de même pour le diocèse d’Ouahigouya, selon le rapport de l’AED publié le mercredi 17 décembre.

Mgr Naré précise que les fidèles, les scouts, les « Volontaires pour la défense de la patrie » ainsi que les forces de sécurité collaborent lors des grandes fêtes religieuses, comme Noël.

Selon le rapport de l’AED, les zones desservies par le diocèse catholique de Dori sont également confrontées de manière continue à des défis sécuritaires, humanitaires et pastoraux que la communauté internationale semble ignorer.

« Soit elle sait et ne réagit pas, soit elle n’agit pas parce qu’elle ne sait pas », déplore Mgr Naré, regrettant le manque d’attention médiatique accordée à la crise terroriste que subissent les chrétiens au Burkina Faso, alors que les personnes déplacées font face à d’immenses besoins et que les communautés chrétiennes font preuve d’une grande résilience.

Selon lui, les diocèses manquent de moyens pour documenter les attaques, rappeler l’urgence de l’aide internationale ou relayer des témoignages. Il souligne que les médias n’ont même pas couvert l’événement historique anniversaire célébré à Yagma.

D’après le rapport, le nord du Burkina Faso demeure l’une des régions les plus touchées du pays, bien que des signes d’amélioration soient perceptibles.

« À ma connaissance, il n’y a pas eu récemment d’enlèvements dans les deux diocèses dont j’ai la charge, mais plusieurs attaques ont causé des dizaines de morts. Il est toutefois difficile d’obtenir des statistiques fiables », indique Mgr Naré.

Dans le diocèse de Dori, seules deux paroisses — Dori et Gorom — restent opérationnelles, et l’évêque ne peut s’y rendre que sous escorte militaire ou en hélicoptère.

À Ouahigouya, la paroisse de Thiou, proche de la frontière malienne, a été fermée.

« Globalement, la violence n’est pas en augmentation, mais la situation demeure difficile dans les villages, où les communautés chrétiennes ont été en grande partie déplacées vers les villes, jugées plus sûres », explique Mgr Naré.

Cette situation a entraîné une forte pression démographique. À Kougoussi, dans son diocèse, et à Kaya, la population a triplé en dix ans en raison de l’afflux de familles déplacées.

Mgr Naré décrit les actions menées par l’Église pour venir en aide aux populations, notamment la fourniture de produits de première nécessité : « nourriture, abri, soins médicaux ».

« Il s’agit d’une question de survie », souligne-t-il, ajoutant que les besoins sont immenses.

Les camps sont saturés et ne peuvent plus accueillir de nouvelles familles. Les personnes déplacées arrivent souvent avec des blessures physiques, des maladies et des traumatismes, et se tournent vers les hôpitaux, les missions, les prêtres ou directement vers l’évêque.

Selon l’AED, de nombreux chrétiens ont dû fuir leurs foyers et vivent désormais dans des camps de déplacés. La scolarisation des enfants déplacés, le soutien aux catéchistes et aux séminaristes ainsi que l’accompagnement psychologique sont également essentiels.

L’AED souligne que, malgré l’insécurité persistante, les habitants du Burkina Faso continuent, pour la dixième année consécutive, à garder la foi vivante en célébrant les messes de Noël avant la nuit.

L’évêque a salué la persévérance du peuple, citant Tertullien : « Le sang des martyrs est la semence de l’Église. »

« Le mot-clé est la résilience : persévérer dans la prière, l’espérance et le bien », a-t-il ajouté.

Mgr Naré a également rappelé le 125ᵉ anniversaire de l’évangélisation du pays, célébré en mars au sanctuaire marial de Yagma, avec la participation de deux millions de fidèles.

Le 16 février, l’Église catholique du Burkina Faso a marqué l’aboutissement de ce jubilé par un pèlerinage national au sanctuaire Notre-Dame de Yagma, dans l’archidiocèse de Ouagadougou.

(L'histoire continue ci-dessous)

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« Si l’ennemi pensait éteindre le christianisme, il perd son temps : le christianisme se développe en Afrique », a-t-il affirmé.

Illustrant également la croissance de la foi dans la région, Mgr Kientega confie à l’AED qu’il célèbre régulièrement la messe à l’aumônerie de la prison civile d’Ouahigouya.

Il précise que ces messes rassemblent des personnes de différentes confessions — catholiques, musulmans et protestants.

Mgr Kientega s’est également réjoui de l’approbation par l’AED d’un nouveau projet de développement de l’aumônerie, affirmant : « Cette présence pastorale favorise de nombreuses conversions. »

L’évêque d’Ouahigouya a enfin salué les efforts de l’AED et de ses bienfaiteurs pour leur soutien, déclarant : « L’AED prend en compte toutes les dimensions de la personne humaine. Nous ne pouvons que féliciter les bienfaiteurs et les encourager à continuer. »

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